Dernièrement, mes yeux ont vu des choses. Tes yeux aussi, n'est ce pas ?! Mais je voudrais partager ma vision du monde avec toi.  

Le call box (cabine téléphonique) est né comme des blagues, puis le gombo (argent) s'est multiplié, les call boxeuses aussi. Pour ces dernières, c'est le magazine 100% Jeunes qui a attiré mon attention dans l'une de ses chroniques de ce mois. Alors que je me retrouvais dans ma douce lecture je tombe sur un sujet qui me bouleverse. Les call boxeuses faisaient un double jeu à leurs patrons en adoptant une technique de pointage qui n'avait pas de nom avant de démissionner. J'ai voulu y découvrir et ai mené une enquête qui me mène à la rencontre de Fanny. Comme le font la plus part d'entre elles, Fanny a acheté son propre téléphone et créé sa propre entreprise. Mais avant cela, elle travaillait avec Aminata, sa désormais ancienne patronne. Les deux premières semaines du travail, Fanny ramenait plus 30.000 F CFA par jour ; la recette journalière chuta à 10.000 F CFA les jours qui suivirent sous prétexte que « le marché est trop dur » affirme t-elle. Ce qui, évidemment était faut parce qu'en à peine trois semaines, Fanny était devenue pimpante, plus belle et brillait comme une étoile filant ! On sentait qu'il y avait des entrées d'argent chez Fanny mais pas chez sa patronne. Fanny démissionne après un mois de travail pour se consacrer à son (entreprise) parce que la belle possédait déjà plusieurs téléphones (...), ce n'est rien comparé au pointage qu'elle racole. Le pire dans tout ça, ce que les call boxeuses se faisaient draguer par les clients et abandonnaient le call box le temps de faire à cette autre qualité de clients. Mais tante voulait, elle aussi ouvrir un call box pour sa fille mais quand je lui ai raconté la mésaventure de la pauvre Aminata, elle s'exclama : « Si c'est vraiment ça que les filles vont faire au call box, il vaudrait mieux qu'elles restent à la maison à rien faire ». Et de rajouter : « Je comprends pourquoi ma voisine call boxeuse disait que : la chèvre broute là où elle est attachée ». Sans mettre un point final et sans aucune transition, je parlerai d'un autre type de travail qui profite à ceux qui n'ont rien fournit comme effort aux détriments des gardiens de la tradition, de l'art et de la culture. Tout commence avec l'invention du disque compact (CD). Sans trop m'attarder sur les détails, je vous chez la mère du monde : La Chine, qui a la réputation d'être l'épicentre de la reproduction illicite des CD. Tout va très vite. Les disques piratés se multiplient, les reproducteurs aussi et les œuvres illicites se vendent à prix défiants toute concurrence. Puis, rendu en Afrique les jeunes découvrent le système « le moyen simple pour gagner sa vie ». En quelques temps seulement c'est chacun qui veut se lancer dans ce commerce qui menace l'art et les artistes.

 « Petit à petit, l'oiseau fait son nid ».

 Vulgarisés et très rependu, les pirates de l'intellect sont devenus incontrôlables et de plus en plus menaçants. Au Cameroun et un peu partout... les artistes ont créé un Comité Musical de Lutte Contre la Piraterie (CMLCP) pour défendre leurs droits d'auteurs et contrer ce qu'ils appellent dans leur langage commun « un fléau qui mine la vie de l'artiste ». Mais apparemment, c'est une guerre qui a encore de longues batailles devant elle.

Je trouvai ces pirates très ignobles et calamiteux ; je tentai de m'approcher d'eux pour avoir leurs points de vue sur l'avenir de l'art dans le monde s'ils continuaient [...].

En essayant d'interview de Jean, vendeur illicite des CD. Le gars marche avec un doctorat des sciences politiques dans sa poche. Lorsque je l'approche, il ne répond pas directement. « Quelle image veux-tu que la jeunesse se fasse de son pays. Le Cameroun qui dit avoir la paix. Mais où est le travail ? (rire) la devise de mon Cameroun est bafouée !  »

Plus loin dans la conversation il me raconte : « Je suis revenu au pays pour investir et m'investir. Au début je voulais faire de la politique mais hélas ! Chez nous, la démocratie est seulement sur les papiers ; nous avons peut être à mon avis les plus beaux textes du monde dans la réalité, il y a un autre Cameroun de corruption (...) ; un K-mer où on emprisonne les innocents tandis que les grands bandits se vagabondent dans la nature. Bref, j'aurai tout un panel de choses à décortiquer mais comme moi, tu vis ici et donc, je présume que je n'en sais pas plus que toi. Depuis 25 ans, ce pays est resté statique et le pire ce qu'il est entrain de se dégrader davantage. (Sourire) ils sont trop fort ces gens-là. Ils disent : - à bas la corruption ! Pourtant, ils sont corrompus ; - à bas les corrompus ! Pourtant ils sont corrupteurs ; - à bas les voleurs ! Pourtant ils sont recéleurs. Je n'ai pas supporté cette mascarade, l'opposition est impuissante. Alors j'ai créé une petite entreprise dans le but d'être autonome, indépendant et contribuer à la lutte contre la pauvreté mais les taxes et les impôts m'ont finis. Que veux-tu que l'on fasse à part survivre ...». Et à côté,  mon homonyme Ismaël qui nous écoutait égrener le chapelet de ma curiosité nous fait remarquer qu' « En laissant du temps au temps, nous avons compris ce qui nous est réservé dans le temps. Tellement longtemps qu'on vit dans la souffrance qu'aujourd'hui on ne ressent plus rien ; nous avons passé plus de 25 ans dans l'espérance, rien n'a changé ; on nous dit qu'on nous aide pour qu'on avance mais je ne sais pas dans quel sens. A ton avis, où est ce qu'on va ?! ».  

Cette question (où est ce qu'on va ?) me fit beaucoup penser. Autant je découvrais le fond du cœur des pirates de disques, autant je voyais le sang coaguler, et, l'amertume dans leurs yeux ; et autant je trouvais la situation plus grave. Mais nous le connaissons tous ce dicton qui dit : le malheur des uns faits le bonheur des autres. Les propos de Ismaël m'ont beaucoup surpris, de lui demander s'il n'y avait pas d'autre moyen que celui de rendre les artistes vulgaires et pauvres ? Et surtout pourquoi jeter la pierre sombre sur les politiques ? Il faut dire qu'il a l'art de  répondre à une question par une autre : « penses-tu que l'on s devient pirate de CD par vocation ? » peut-être parce que je pose de questions qui en appellent directement d'autres. Il continue « Concernant les politiques, comprends une chose: si dans un pays tout va bien, c'est à eux qu'on le doit, si tout va mal ils sont tenus pour responsables. Mais quant à moi, je te le dis aujourd'hui : un jour, QUELQU'UN fera ce qu'il faut pour nous sortir de ce trou ».  

Avant de s'en aller, Ismaël sort de sa poche droite un kola blanche du nord qu'il partage avec Jean et moi.  

NB : après la lecture de cette enquête, je vous prie de bien vouloir poster votre commentaire

 

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